La lettre ouverte est diffusée dans Le Devoir et sur le site web de la radio.
M. Tétreault met en garde les décideurs contre les conséquences de ce glissement.
Il parle d’un appauvrissement des radios régionales, de l’affaiblissement de l’identité culturelle et du recul de la participation démocratique.
Selon lui, les géants du web ne couvrent ni les conseils municipaux, ni les enjeux sociaux et culturels propres aux communautés.
À l’inverse, un média local, comme la radio, offre un ancrage essentiel à l’information de proximité, au soutien aux artistes francophones d’ici et d’ailleurs, aux débats sur les réalités du territoire et au sentiment d’appartenance.
Le DG Tétreault rappelle que ces médias multiplateformes demeurent accessibles, réactifs et responsables envers leurs citoyens.
Il exhorte donc les gouvernements à réinvestir dans les voix locales, estimant qu’une démocratie forte repose d’abord sur des médias enracinés dans leur milieu.
Voici le lien YouTube pour assister à la causerie radiophonique de ce matin.
https://www.youtube.com/watch?v=sW8GPpNiJ00

LETTRE OUVERTE
La démocratie à hauteur d’une radio locale !
Nos racines longueuilloises nous ont légué un réflexe rare et précieux : celui d’incarner et de défendre notre culture locale. Au FM 103,3, on fait jouer 100% de musique francophone aux heures de grande écoute et c’est par choix et non par obligation.
Depuis plus de 20 ans, l’ADISQ reconnaît les retombées concrètes de nos efforts pour la promotion des artistes québécois. Malgré ce fait d’armes unique au Québec et même au-delà, les dirigeants de nos divers paliers politiques continuent de favoriser les GAFAM pour y diffuser leur actualité locale et y placer leurs investissements publicitaires.
Pour quelles raisons? Les GAFAM de ce monde couvrent-ils les activités des Conseils de ville et les événements sociaux, communautaires et culturels?
Réalisent-ils des débats sur nos enjeux locaux? Diffusent-ils en primeur nos artistes francophones pour les faire découvrir et apprécier, ou même simplement pour leur permettre d’être entendus dans le « bruit » du Grand Montréal?
Diriger les citoyens vers les GAFAM pour la diffusion de leur actualité locale, ce n’est pas du développement durable. C’est appauvrir nos médias, notre milieu, nos artistes, déliter notre identité et, ultimement, notre démocratie locale.
Pourquoi trop de nos élus entraînent-ils les citoyens ailleurs, sur les réseaux nationaux et les réseaux sociaux, au lieu de prioriser leurs médias locaux, dont leur radio locale? Ce comportement déracine nos valeurs sociales et culturelles localement, dirige quotidiennement l’attention du citoyen sur la dernière inspiration d’une personnalité en quête d’impact de visibilité personnelle maximale sur les réseaux sociaux, souvent avec des informations des plus banales! Et après, on se plaint que les citoyens s’intéressent si peu aux élections municipales et que les médias nationaux ne couvrent à peu près pas, ou si mal, ces événements!
Offrir des exclusivités aux réseaux nationaux afin de faire partie des trois nouvelles de la journée au lieu de formater un message dirigé vers les citoyens afin qu’ils sentent interpelés par la nouvelle d’une actualité locale qui les concernent, pourrait raviver l’intérêt du citoyen vis-à-vis les vrais enjeux d’une démocratie qui le concerne.
Les représentants des paliers gouvernementaux de proximité sont par leurs actions des leaders d’opinion pour l’ensemble des institutions locales, les commerçants, les organismes, les individus; ils doivent donner l’exemple, promouvoir en priorité l’achat local, ils doivent être une source d’inspiration et porter bien haut le drapeau de l’identité locale!
Notre radio locale rappelle à chaque heure son appartenance territoriale, son identité propre, ses couleurs culturelles, divertit, informe et commente les actualités. Quelle GAFAM PEUT EN DIRE ET EN FAIRE AUTANT?
Avec un certain recul, on peut dire que nous ne vivons pas nécessairement une crise médiatique, mais un véritable virage numérique des médias, avec de nouvelles technologies devenues disponibles à tous. Ces changements amènent les radios locales à devenir des producteurs de contenus locaux, multiplateformes, avec un contenu audio en « streaming », de l’écrit avec les actualités quotidiennes sur leur site internet et en format vidéo, avec des contenus en balado pour permettre le rattrapage.
Au FM 103,3, nous avons relevé le défi et nous sommes en mesure d’aller de l’avant le pied dans le tapis, tout en restant flexible et en regardant loin devant!
Oui, notre communauté est en mutation; les citoyens doivent faire rayonner leurs valeurs, leurs traits culturels et leurs coutumes afin d’inspirer l’ensemble de nos diverses communautés à ces mêmes repères sociaux pour une vie et une démocratie saine. La radio locale est présente, accessible, émotive, fidèle et en relation avec les valeurs des citoyens, envers qui elle est redevable.
Alors, posons la vraie question : Souhaitons-nous une démocratie branchée sur nos valeurs locales, ou sur des serveurs californiens ?
Nos paliers gouvernementaux doivent montrer l’exemple : investir ici, parler ici, rayonner ici.
Parce qu’une société forte se construit avec ses propres voix.
Eric Tétreault, directeur général, FM 103,3
Longueuil
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